« Charme unique de ces demeures tropicales en bois, notre vieille Légation, d’un style colonial désuet, si modeste enclave de terre française, les banyans de son jardin, les bougainvilliers, le grand mât blanc où flottent nos couleurs… Au bout du jardin, le fleuve brille entre deux arbres dont l’un est réservé aux corbeaux, l’autre aux vautours rouges… ».
Ces lignes datent de 1926 et c’est ainsi que le locataire des lieux d’alors, l’écrivain- diplomate Paul Morand, décrivait la Résidence de France à Bangkok.
Vendredi dernier, soit quatre-vingt-dix ans plus tard, rien n’avait vraiment changé : le fleuve, les arbres, la vieille Légation. Le décor et le charme étaient les mêmes.
Pourtant, sur la même pelouse, entre les grands arbres, près du fleuve, une foule tout à la fois heureuse de se retrouver et fière de se rassembler autour de la Plaque du Souvenir des Français du Siam morts à la guerre de 1914-1918.
Nos couleurs flottaient sur le grand mât, et la modeste enclave, restait partie du Sol Sacré de la Nation.
Rassemblés autour de leur hôte, Son Excellence M.Gilles Garachon, ambassadeur de France, les membres de la communauté française se ressérèrent quand retentit la sonnerie aux morts, se recueillirent pour une minute de silence puis, partagèrent le moment le plus émouvant de la cérémonie en entonnant une Marseillaise chantée par les soixante élèves des classes de troisième du Lycée de Bangkok, accompagnés de leur Proviseur M. Planté.
Après le dépôt de gerbe par l’Ambassadeur et deux jeunes élèves du lycée, M. Garachon prononça un vibrant hommage de remerciement à tous ces héros, morts pour la défense de leur pays, la France.
Après avoir rappelé leurs destins brisés et présenté leur sacrifice ultime comme un exemple pour les futures générations, il se tourna alors vers les représentants des forces armées présents à cette cérémonie. Il rappela l’importance que représente une armée pour la Nation qu’elle défend ; cette mission capitale qu’est la protection de l’intégrité de notre sol.
Il exposa aussi ce paradoxe et cette ressemblance entre la mission du diplomate et celle du militaire. Dans toute situation de crise opposant deux parties, c’est le diplomate que l’on va d’abord appeler pour essayer de résoudre un conflit, pour essayer de trouver une solution, un compromis. Mais si le diplomate échoue, c’est alors à la force militaire que l’on va demander d’intervenir pour trouver une solution radicale au conflit.
Puis c’est devant les représentants des forces armées présentes autour de notre modeste mémorial, nos amis Thaïs, Anglo-Saxons, Canadiens et Allemands, qu’il rappela avec émotion l’importance du sacrifice de nos Alliés, alliés d’hier et alliés d’aujourd’hui, sans l’aide desquels notre Nation ne pourrait survivre.
Ensuite, fut appelé sur le ‘front des troupes’, l’adjudant chef Gérard Marfaing des Troupes Alpines, à qui, encore en un moment plein d’émotion, l’ambassadeur remit la Croix du Combattant.
Le Souvenir Français était représenté par notre délégué général de Thaïlande, François Doré, notre délégué de Phuket, Christian Chevrier, et le délégué général pour la Chine, Claude Jaeck.
De gauche à droite François Doré, le lieutenant colonel Nadia Piercy, attachée de Défense, M. l’ambassadeur Gilles Garachon, Claude Jaeck, Christian Chevrier.
De gauche à droite François Doré, le lieutenant colonel Nadia Piercy, attachée de Défense, M. l’ambassadeur Gilles Garachon, Claude Jaeck, Christian Chevrier.
Une fois la cérémonie achevée, l’ambassadeur convia l’assemblée à aller découvrir dans ses salons, une exposition des dessins réalisés par les élèves du Lycée à qui leurs professeurs avaient demandé de traduire en images les lettres de poilus envoyées à leurs familles pendant la Grande Guerre.
Images surprenantes par leur fraîcheur, leur poésie et leur beauté, et qui semblaient redonner une nouvelle existence à ces vies volées. Beauté des couleurs du sacrifice ultime, beauté du message d’espoir que toutes ces images transmettaient, beauté de tous ces jeunes qui n’oublieront pas, beauté du Souvenir.